Interview extraite du numéro 36 du magazine Hard Force parue en août 1998 :


Rock Sound

Burning Heads



Interview par Marc Belpois


Epitaph... Un nom magique, lié à une tripotée de groupes fameux : Bad Religion évidemment, Offspring bien sûr, mais aussi NOFX et bien d'autres inconditionnels de punk rock et du hardcore. Premier groupe français signé sur le nouveau relais européen du label culte, BURNING HEADS peut sabrer le champagne. Nul doute que "Be One With The Flames", quatrième album des Orléanais, est bien couvé.


J'imagine que tout le monde vous bassine avec Epitaph...

Phil : C'est bien sûr le principal sujet abordé. Epitaph, c'est un nom qui véhicule tant de choses. Mais concrètement, cela nous permet juste d'enregistrer un nouvel album qui sera distribué dans vingt pays. Jusqu'à présent, nous nous produisions principalement sur les territoires où nos CD's étaient en vente : la France, la Belgique, un peu la Hollande.

Alors... comment avez-vous signé ce contrat avec Epitaph ?

Phil : Très simplement : quand nous avons appris que la maison-mère aux Etats-Unis avait décidé d'implanter une filiale européenne, nous lui avons fait parvenir nos albums.

JYB : Epitaph est pour nous une nouvelle étape dans la progression du groupe. Nous avons d'abord sorti des 45 tours sur des petits labels avec des réseaux de distribution carrément underground. Fnac Music nous a fait grimper un nouvel échelon en sortant notre premier album. Nous sommes passés ensuite sur PIAS qui nous a permis de nous exporter davantage, puisque c'est label belge. Et avec Epitaph, on évolue encore, dans le sens où nous allons intensifier notre défrichage en Europe. et puis, sait-on jamais, Epitaph Europe nous pistonnera peut-être auprès d'Epitaph Etats-Unis. Une distribution aux States est inéspérée pour un groupe français ! Mais bon, nous avons toujours pris parti de grimper progressivement. Les Etats-Unis ne sont pas un objectif. Il nous faut d'abord sortir de France et bien nous implanter en Europe. Pour l'instant, nous avons dû jouer environ 300 fois ici et 200 à l'étranger..

En 1994, vous avez déclaré à notre confrère RAGE : "L'écurie Epitaph, c'est ce qu'on écoute principalement et ça déteint obligatoirement sur notre musique. Mais on ne trouve pas que l'on soit complètement dedans; il y a chez Epitaph une espèce d'uniformité du son, des compos, de l'utilisation des choeurs."

Phil : Oui, c'était vrai à l'époque. Mais depuis, Epitaph s'est énormément ouvert à d'autres choses. Ils se sont intéressés au vieux ska, au punk-rock primaire anglais...

JYB : Et de toute façon, ils n'avaient pas tant de signatures avant l'explosion Offspring, puis Rancid... Signe positif : tout le fric qui est entré dans les caisses d'Epitaph grâce à quelques groupes a servi à sortir d'autres groupes inconnus. Même s'ils jouent parfois comme des pieds parce que c'est leur premier album, ils leur donnent une chance. ils ne sont pas du genre à te lâcher parce que les ventes de ton premier album sont catastrophiques. Les relations sont d'abord humaines.

Pourquoi avoir auparavant sorti une...

Phil : ...compilation de vieilleries ? Parce que ces titres sont sortis il y a très longtemps, à peu d'exemplaires. A moins de dégoter un collectionneur malin qui à l'époque en a acheté plusieurs et qui les revend aujourd'hui 150 balles... "The Weightless Hits" fait la nique à ceux qui s'en mettent plein les poches.

Vos chansons oscillent entre punk, rock, hardcore et reggae. Vous n'avez pas eu envie de tester autre chose ?

Phil : Il est important de conserver l'identité Burning Heads. Pour le reste, il est préférable de travailler sous un autre nom ou individuellement. Pierre fait de la jungle sur un ordinateur et mixe. Et nous avons un projet baptisé Burning Experience, mi-machine, mi humain. Chacun peut avoir des activités annexes. Personne n'est prisonnier de Burning Heads.

Comment avez-vous abordé la production ?

Phil : Nous avons travaillé avec la même équipe que pour l'album précédent, c'est à dire Fred Norguet et Jacques Garnavault. Pour les deux premiers, nous avions bossé avec des Américains, Don Cameron et Jack Endino. Parce qu'à ce moment là, il n'y avait pas vraiment de gens en France qui soient sur notre longueur d'onde. Cette situation a changé depuis.

JYB : Comme on se sent proches de Fred et jack, le choix s'est imposé de lui-même. Et puis, ça nous a fait plaisir de les mettreface à du bon matos, surtout que jusque là, nouis ne les avions emmenés que dans des galères. Ce n'est pas une façon de travailler plus artisanale, mais plus humaine, et donc plus créative.

Existe-t-il des chansons de cet album que vous auriez pu écrire il y 4 ou 5 ans ?

JYB : Oui et non. Nous avons évolué dans la sobriété; nous allons droit à l'essentiel. A l'époque, nous avions tendance à incorporer des plans gratuits et inutiles. Nous avons beaucoup bossé la mise en place. Certaines chansons auraient pu être écrites pour le premier album, mais leur forme définitive aurait été différente. La barre a été placée assez haute pour que le tout soit le plus carré possible.

Il fut un temps où l'on vous mettait volontiers dans la même boîte que Les Thugs et Treponem Pal...

Phil : Peut-être qu'à ce moment, nous faisions partie des trois groupes français qui tournaient beaucoup et qui sortaient des albums régulièrement. Mais cela n'a pas duré très longtemps, d'autant qu'aujourd'hui, il y en a des tonnes. Tout ces préjugés découlent souvent de rumeurs. La dernière en date, c'est que nous aurions splitté. C'est apparu dans au moins deux fanzines ! Il fut un temps où nousétions considérés à Orléans comme des vendus par les intégristes du hardcore. Comme il y a eu des rumeurs comme quoi il y avait à Orléans des sous-marins qui enlevaient des femmes dans des cabines d'essayage, passaient par la Loire pour les balancer sur le marché de la prostitution en Russie ! Orléans a toujours été une ville de rumeurs...

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