Interview extraite du magazine Tranzophobia
de mai 1997 :
Interview parue sur le site web Tranzophobia.
Faire une interview des BURNING HEADS en
évitant de tomber dans les redites et les évidences
est impossible du fait qu'on a pu les voir un peu partout depuis
quelques années déjà... Néanmoins,
l'intérêt de passer un long moment avec ces garçons
pour discuter un peu plus en profondeur de certaines choses
nous a paru suffisant pour aller les voir à Orléans-City
et tailler le bout de gras.
On a pas énormément parlé de leur discographie,
ils en sont actuellement à leur troisième album
"Super Modern World", sont apparus sur pas mal de compilations
45, split singles et singles pas split. Ils ont écumé
la France en long et en large, l'Europe depuis une poignée
d'années... Tout en gardant la tête...froide. Leur
façon de faire du hardcore mélodique un peu avant
l'heure en France à fait beaucoup d'émules (déclarés
ou non, assumés ou non), sans eux, les UPSTAIRS PEOPLE,
TOMY, TWO LEFT HANDS, SEVEN HATE, KENEDA et j'en passe, aurait-ils
vu le jour ?
Après cette interview vous comprendrez que les BURNING
HEADS ne trahirons jamais la cause, ils ne sont même pas
capables de reconnaitre un morceau de GREEN DAY !!!
Qu'est ce que PP BOYINGTON
évoque pour vous ?
T'arrêtes tout de suite,
c'était mon grand-père...
Un gars qui avait des couilles...(rires gras et bêtes)
Ouais, c'est les "Têtes Brulées", on nous a souvent
comparés aux Têtes Brûlées, mais BURNING
HEADS ça veut dire "Têtes Brûlantes"... Les
Têtes Brûlées, c'est déjà brûlé,
il reste plus que de la cendre, alors que les Têtes Brûlantes,
y'a encore de la flamme.
D'où le "Be One with
the Flames"...
Voilà, ça c'est
le message qu'on essaie de faire passer à tous les gens
qui viennent nous voir, "Fusionnez avec nous, ne faites qu'un
seul brasier..." Même les chauves peuvent venir...
Tu parles d'une fusion globale
en un seul foyer, êtes-vous un groupe de babas-cool ?
Ouais, mais ça, c'est
sa version à lui, moi j'aurai plutôt lu ça
dans l'autre sens, ça veut dire qu'on va cramer les chauves...Y'a
absolument rien de hippy là-dedans.
Thomas, tu as joué
dans KOMINTERN SECT, groupe oï à l'attitude ambigüe,
quel est ta vision de ce groupe à posteriori ?
C'était PPC = Politiquement
Pas Clair. Je regrette pas d'avoir fait partie de KOMINTERN
SECT, parce que je suis parti de pas grand-chose et je suis
devenu batteur d'un groupe super punk et puis ensuite super
oï, avec 90% de connards à ses concerts, avec des
textes un peu louches des fois... Je regrette pas, parce que
je suis toujours batteur, que j'ai toujours envie de faire de
la musique, mais je pense que je suis un petit mieux à
ma place dans les BURNING HEADS.
Le Politiquement Pas Correct,
l'humour gras ?
Y'avait des truc à l'époque
qui étaient pas de l'humour gras et qui certaines fois
prêtaient à confusion et qui faisaient que des
fois tu te retrouvais avec des gens qui pensaient que tu étais
dans leur camp et que tout allait bien, et puis tu t'apercevais
très rapidement que ces gens-là n'était
absolument pas dans le tien et puis ça te saoulait. De
voir des tonnes de gens qui viennent à tes concerts pour
tendre le bras, et pas parce que les spots les éblouissent,
ça te gonfle vraiment.
Est-ce que c'était
du rock alternatif pour toi ?
Ah oui, parce que quand CHAOS
PRODUCTION s'est monté, y'avait rien. L'autoproduction
française existait à peine, je crois qu'il y avait
juste une compil de groupes parisiens avec PROPSAC, PEGGY LUX
BEURK...CHAOS PROD est arrivé, y'avait des disques, avec
des groupes inconnus dessus, et ces disques étaient faits
par des gens des groupes et c'était enregistré
avec de petits moyens et ça sortait... Bizaremment c'était
pas mal distribué, ça a eu un écho assez
bon. Mais c'était alternatif, parce que CHAOS PROD et
les groupes ne sont à aucun moment passés par
de gros moyens de distribution. Après, y'a eu KOMINTERN
SECT 2000, ça a pasduré longtemps, c'était
style western / rock australien, c'était pas mal. On
a fait un concert, avec une section cuivre lignée SAINTS
"Prehistoric Sounds", on voulait que ça swingue... et
ça a pas swingué longtemps. Le concert s'est fait
dans une ancienne église.
D.D.T ?
C'a a commencé en 1987/88
avec un batteur qui s'appelait, Jean-Louis le frère de
Jibé, on a sorti un 45 sur un label allemand qui s'appelait
RE-CORE-DS, c'était bien méchant et on se marrait
bien. Ca s'est arrêté parce qu'on avait tous beaucoup
de choses à faire, et le batteur était aller donner
à manger aux avions dans l'armée...
Il y a aussi eu une formation
récente...
Oui, en fait on joue toujours,
à trois, c'est du n'importe quoi, ça s'appelle
"Jimmy Youngblood Hardcore Explosion".
(à Phil) Tu jouais
dans quel groupe avant ?
Je jouais dans un groupe avec
des amis à Orléans, et puis on a fait une démo,
2 ou 3 morceaux, qu'on a envoyé à une maison de
disques, et en fait au même moment y'avait le dernier
MOTORHEAD qui venait de sortir, et ils ont répondu :
"On préfère MOTORHEAD, commercialement ça
passera quand même mieux" et ça a été
tout de suite la fin d'une longue carrière. Non, je déconne,
en fait, je jouais dans un groupe, on faisait des reprises,
de merde pour la plupart, et on a commencé à jouer
avec Thomas et un autre mec. Puis très vite, ça
a été le début des BURNING.
Votre premier 45, on sait
plus lequel est-ce, entre FLYING CHARENTAISE et BLACK & NOIR...
Ca a été enregistré
pour BLACK & NOIR en premier, mais je crois que c'est FLYING
CHARENTAISE qui l'a emporté de peu. Les 2 sessions ont
été enregistrées à Angers dans un
laps de temps assez court. Les morceaux pour BLACK & NOIR étaient
prêts avant, mais FLYING CHARENTAISE a été
plus rapide. On en était bien contents à l'époque,
on était allés en studio avec Gilles THEOLLIER,
on s'était bien marrés, et les 2 labels ont été
eux aussi contents du résultat.
Sur le 45 BLACK & NOIR, y'avait
un morceau qui s'appellait "Go Away" qui est un de nos préférés
et que vous ne jouez plus...
(habitués, à force...)
C'est une bonne question, il faut faire un choix, c'est peut-être
un morceau qu'on a joué trop souvent et trop longtemps,
et au bout d'un moment on a fait de nouveaux morceaux qu'on
a eu envie de jouer sur scène. Puis, au bout d'un moment,
quand tu as fais 3 albums, t'es obligé de faire un choix,
et celui-là est passé aux oubliettes. Mais bon,
peut-être qu'un jour on pourrait le refaire, de toute
façon il est simple comme bonjour... Mais c'est vrai
qu'à l'époque on était assez contents de
ce qu'on avait fait et de celui-là entre autres, ça
ressemblait un peu à quelque chose, c'était la
première fois que ça avait un peu de gueule.
La tournée avec les
THOMPSON ROLLETS...à l'époque vous étiez
exténués au bout d'une demi-douzaine de dates...
Ouais, c'était énorme.
T'as deux 45 tours à ton actif, on te propose un split
en plus, et on te dit : "Pour faire la promo de ce 45, on va
faire une tournée en Europe pendant au moins un mois,
à deux groupes avec une sono, tout est prêt, tout
est calé. Nous on a dit OK, on était hyper contents,
et c'était l'aventure. Ca a été total roots
quasiment partout, on a pas beaucoup dormi, on s'est bien marré
et on a appris la vie, vraiment.
Tu disais à ce moment-là
qu'il faudrait se calmer...
Faut croire qu'on s'est calmés...
C'était horrible...c'était une tournée
organisée clefs en main par les THOMPSON ROLLETS et Pascal
d'UNCONTROLLED Rds, nous on avait rien à faire, on a
fait les malins, on a roulé en Renault Espace pendant
un mois...
Et vous avez rencontré
les SILLY HORNETS ...
Oui, ça a été
le début d'une longue amitié.
On peut faire un rapprochement
avec la tournée avec DOWN BY LAW...
Là, c'était un
autre super plan, parce qu'il y avait encore plus de pays étrangers,
y'avait encore plus de monde qui allait nous voir parce qu'on
savait que DOWN BY LAW étaient populaires. Au niveau
des conditions financières, ça se rapprochait
un peu de la tournée avec les THOMPSON ROLLETS, mais
au niveau de l'accueil, du son, du plaisir, c'était encore
mieux. Tout était bien du début à la fin.
On a rencontré des tonnes de gens qui a départ
étaient venus voir DOWN BY LAW et ne seraient jamais
venus voir les BURNING tout seuls...
Le premier album, sur Semetery,
sous-division de la FNAC...
A l'époque personne n'avait
voulu nous signer, nous on avait avancé l'argent pour
payer l'enregistrement, pour sortir les bandes qu'on avait produites
nous-mêmes... et qu'on a gardé sous le bras pendant
6 mois/un an. Alors que BLACK & NOIR nous disait : "On veut
bien, mais pas pour l'instant, si jamais vous avez un autre
plan, allez-y..." Et là, on tombe finalement sur un mec
qui nous dit : "Moi je m'occupe d'un label de death-métal,
OK c'est une sous-division de la FNAC, mais c'est un tout petit
label, je gère mon truc, si je vous signe, c'est pas
parce qu'au-dessus on m'a dit de le faire..." Et on s'est dit
: "Qu'est-ce qu'on fait ? C'est une major, mais qu'est-ce qu'on
risque, d'un autre côté le mec est cool, donc on
a signé. On les a un peu saoûlés pour le
vinyl, et on avait la chance d'avoir un gars qui s'appellait
Eric MARJAULT et qui s'occupait de la promo des groupes du label.
Et tant bien que mal, ça s'est pas mal passé,
même si après on a eu quelques petits problêmes
de contrats... qui nous ont permis après de quitter la
FNAC, alors que le label coulait, en reprenant ce qu'on leur
avait vendu...On regrette pas d'y être passés,
je pense qu'on ferait peut-être un peu la gueule si on
y était encore parce que ça tenait quand même
pas bien la route, mais bon... Y'a eu vachement cette pression
d'attendre 6 mois avec les bandes, en se disant que l'enregistrement
commence à dater, que t'aimerais bien le sortir et ne
pas simplement le laisser dans ton placard. Et puis, tu as la
chance de faire un disque, et déjà s'ouvre l'envie
d'en faire un autre. Et là, on avait juste des bandes
à écouter chez nous et à faire entendre
à nos amis. Tous les gens qui cherchaient des groupes,
cherchaient des groupes qui chantaient en français dans
l'esprit post-MANO NEGRA, SATELLITES...et ce mec est arrivé
en disant que le chant en anglais ça lui allait, et que
le fait qu'on ne fasse pas de l'alternatif un peu "groove" lui
allait aussi... Et on s'est dit, on fait ce truc, on verra après.
On y est pas restés longtemps de toute façon.
L'étranger... tu m'avais
parlé d'une tournée en Suisse...
J'ai une petite préférence
pour la Hollande, la Suisse, le pays basque...je garde des souvenirs
plutôt bons de tous les pays où on est allés,
excepté la Suède où j'ai trouvé
les gens un peu plus froids.
La Norvège...
C'était pas trop trop
mal, mais c'est pareil, tu te retrouves dans des concerts un
peu bizarres, où y'a pas trop de monde, où les
gens font un peu la gueule, où tu as de gros molosses
à l'entrée du bar qui regardent si les gens ont
bien plus de 18 ans, sinon ils boivent de la limonade... Par
rapport aux concerts qu'on peut faire en France ou dans d'autres
pays, qui ont un léger côté sauvage, en
Suède c'est vraiment le top de l'organisation, à
tel point que tu as l'impression que les gens viennent un peu
mécaniquement. Ils rentrent dans le concert, ils vont
regarder le groupe, mais ils vont pas vraiment être captivés.
C'est pas rare de voir des gens assis au fond, un peu comme
dans les bars à cocktails...Ils ne vont pas forcément
se lever pendant le concert, ni même le regarder. C'est
ce côté-là qui est un peu froid. Y'a peut-être
aussi le fait qu'ils voient énormément de groupes...
Avez-vous joué au Blitz
à Oslo ?
Non, parce qu'on tournait avec
DOWN BY LAW, et que leur tourneur avait un autre contact. En
plus, au moment oû on était à Oslo, le Blitz
était fermé ou en train de déménager,
je ne sais plus...
Autre chose...
Le Portugal c'était marrant
aussi, on a été à Lisbonne, dans un club
super "rock-métal", et en fait le soir, c'était
bourré à craquer de mecs qui n'ont rien à
envier aux autres jeunes européens, c'était "musique
à donf" jusqu'à tard le soir, une bonne ambiance.
En plus, quand on y est allés tout seuls, et même
avec DOWN BY LAW, on a toujours joué dans de petits endroits,
c'est plus sympa. Il n'y a pas de barrières pour séparer
le groupe du public. Y'a aussi beaucoup plus d'endroits en centre-ville.
Au pays basque, et en Italie, il y a des coins qui sont hyper
sauvages...
Il y a une espèce de
"culture BURNING HEADS" avec short, skate...
Si tu veux, le Monsieur Wear
des BURNING, c'est Phil... J'suis champion du monde de streetwear
pour la saison prochaine... En fait, je vais te parler au nom
de Jibé, qui, quand il ne joue pas avec les BURNING,
pose pour des magazines pour hommes... Non, en fait, si c'est
Monsieur Wear, c'est parce que c'est le mari de Mme Wear. Son
épouse légitime tricote pour les BURNING HEADS,
il est donc à la mode bien avant nous...
Cette culture vient principalement
des USA...
Pour ma part, quand j'étais
petit, je lisais THRASHER MAGAZINE et je trouvais des trucs
super bien, je le lisais 15 fois, et quand j'ai vu que dans
les pages musicales ils mettaient des trucs super bien, j'étais
content. Souvent, dans les vidéos de skate, le fond musical
c'est du punk rock/HC. Je continue à faire un peu de
skate en touriste, je suis un peu moins fanatique...effectivement,
ça vient des Etats-Unis, mais ça a du bon...
Tu te sens donc à l'aise
au Festival Attitude à Montpellier ?
Je me sentais à l'aise...
Ce sont des sports où
tu as un côté frime/fun/thune vachement important,
j'ai du mal à comprendre ce que les BURNING HEADS, étant
un groupe de HC, peuvent avoir en commun avec ça...
Il y a beaucoup de gens qui se
posent cette question... Ce que je ne comprend pas, c'est la
valeur que ça prend pour les gens. Quand j'ai acheté
des Converse, c'était des pompes qui, aux Etats-Unis,
ne valaient rien, et qui se vendaient super cher en France.
Maintenant ça se vend en solderie...Ca revient à
un prix normal. Et ensuite, tu as un nouveau truc qui arrive
et ça recommence. Et à côté de ça,
tu as des gens à qui tu peux vendre un truc de qualité
pas cher, et qui pensent que c'est de la merde. Ils sont dans
une logique pourrave, la logique du fric. Moi, quand j'achète
une paire de pompes, je sais que je vais faire le con avec,
alors j'essaie de ne pas y mettre trop de thunes. Y'a aussi
pas mal de gens qui sont prêts à monter des structures
pour fabriquer des skates à 200 balles, pour concevoir
des surfs d'une autre façon que la façon actuelle,avec
des matières recyclées, il commence à y
en avoir un paquet...
Dans le Festival Attitude,
tu as des stands avec des fringues super chères, on t'empêches
de rentrer avec un appareil photo...
Le Festival Attitude, ça
n'a plus rien à voir... Les années oû y
a joué (les 2 précédentes), j'avais vraiment
l'impression que tous les gens (ou une bonne partie) qui étaient
là, faisaient du skate depuis très longtemps,
ils ne faisaient pas ça pour être au top de la
mode, parce que quand tu les voyais, c'était plutôt
Emmaüs.... Ce sont souvent les mêmes qui font des
groupes,qui organisent des concerts etc... C'est comme si tu
parlais des gens sur la côte basque en disant que ce sont
des connards parce qu'ils ressemblent aux américains.
C'est vrai qu'ils peuvent paraître similaires au type
qui débarque avec 20000 Frs de matériel et qui
se passe de la crême à bronzer sur la plage. Mais
ça fait tellement longtemps qu'ils en font, qu'ils voient
des gens autour d'eux en faire, que c'est complètement
différent. On a rencontré des gens qui font du
skate et qui super punks. Notamment un gars du Sud-Ouest des
Pyrénées, qui fait pas semblant. Chez ces gens-là,
on a trouvé des choses qui nous plaisaient, en tant que
musiciens amateurs de skate,et eux on trouvé des choses
en nous qui leur plaisaient en tant que skateurs amateurs de
musique. Ces mecs-là n'ont pas attendu que les journaux
tombent comme ça avec ce qu'il faut faire pour être
dans le vent. Ils ont organisé des concerts, ils se sont
bougé le cul, ils ont retapé des rampes dans des
endroits complètement détruits. Y'a aussi un côté
D.I.Y chez certaines de ces personnes-là. C'est vrai
qu'il y a ce côté mode dont tu parlais, il y a
eu quelques concerts où on s'est retrouvés dans
une sorte de festival de Cannes de la Wear,mais on est les premiers
à en rire. Y'a des gens qui sont là, qui tournent
le dos au concert pour regarder des étalages de T-shirts
ou de skate. T'as envie de leur dire : "Le premier qui se retourne
et qui regarde le concert gagne une planche gratos". Si au moins,
tu as 10 ou 20 personnes qui sont devant, tu peux te dire qu'il
y a au moins celles-là d'intéressantes. Mais même
dans un milieu comme le snowboard où il y a encore plus
de thunes, on a rencontré des gens qui sont à
la montagne depuis des lustres, qui ne vivent que pour descendre
une pente enneigée, qui font des petits boulots dans
les stations, qui ne pensent qu'à la montagne. Et ces
mecs te disent qu'ils ont écouté ton disque, qu'ils
trouvent ça mortel et qu'ils t'invitent dans leur chalet
une semaine. Pierre a un pote à Orléans qui faisait
du skate, qui est maintenant champion (Romain). Il bosse à
Tignes, et il nous a invités pour passer une semaine
à mixer des disques, à faire de la musique, et
surtout à descendre des pistes avec un forfait pas cher,
dans une toute petite station. Vu sous cet esprit ça
parait vachement plus sain. En fait, ils ont pris une ancienne
école à plusieurs en bas des pistes... On a su
repérer les 90% de blaireaux et rester avec les 10% de
cools... C'est un peu la même proportion dans la musique.
Vous avez un manager, quel
contrôle gardez-vous sur son travail, quelles sont les
relations que vous entretenez ?
Le manager,c'est le maître
du monde, et nous on est avec lui. On a qu'à fermer notre
gueule. Non, on a une réunion tous les lundis, où
on aborde des sujets d'actualité ou alors des points
précis. Ca peut aller du cachet d'un concert à
une orientation musicale, un avis sur un nouveau morceau, ou
un projet présenté part un membre du groupe qui
demande leur avis aux autres... Jusque là, on a toujours
fait confiance à Didier, sachant qu'on aurait des comptes-rendus
réguliers, et on a jamais été choqués,
embarrassés par une décision qu'il aurait prise.
J'ai pas eu l'impression que c'était lui qui tirait les
manettes et que nous suivions. En plus, c'est quelqu'un qu'on
connait depuis un bon moment, qui a organisé plein de
concerts à Orléans, qui a fait passer plein de
groupes qu'on ne connaissait parfois pas du tout, on a pris
plein de baffes énormes...Il écoute des trucs
qu'on aime en général. Son groupe préféré,
c'est les ANGRY SAMOANS, ce qui est une bonne référence
pour nous. Souvent, l'avis qu'il a sur les BURNING est intéressant.
Il te donne un avis sur un morceau et 2 semaines après
tu te rends compte qu'il avait raison. Il se tape pas mal de
trucs chiants : coups de fil, paperasserie, bureaucratie...
Il est jamais venu nous voir en nous tapant dans le dos et en
nous disant : "Coco ! On va faire du pognon...Super coco ton
morceau...". Il sépare vraiment le boulot et la musique.
Dans votre dernier album,
il y a un morceau qui s'appelle "Swindle"...
C'est sur le punk milliardaire...enfin,
sur les gens qui se sont dit : "Tiens, le punk revient à
la mode, essayons d'en tirer un maximum de sous". Tous ces gens
qui s ramènent avec des T-shirts NIRVANA et ces groupes
qui voient OFFSPRING vendre des disques et qui se mettent à
faire la même chose, alors qu'ils auraient pu faire de
la pop si la pop avait été à la mode.
Vous sentez-vous plus proches
du mouvement alternatif français ou des groupes US un
peu proprets actuels qui, musicalement, vous ressemblent plus
?
Je pense que si on était
juste proprets, ça nous embêterait un peu. Et si
on était noirs, simplement pour être noirs, ça
nous emmerderait aussi. Au fond de nous y'a un peu des deux...
hé ! hé !