![]() ![]() ![]() Les Orléanais ennoblissent le punk-rock. Modestes, humbles, têtes certainement plus froides que brûlées, les Burning n'ont pas attendu le nouveau courant américain pour s'affirmer comme l'un des plus beaux fleurons du style. après un premier album bouillant, soutenu par une foultitude de prestations scéniques des plus endiablées, le quatuor vient de pondre un "Dive" à la hauteur de sa réputation de groupe live. Mais laissons les plutôt s'expliquer, l'Orléanais est bavard et loin de manquer d'humour.
Avec ce nouvel album, nous nous attendions à une bonne dizaine de nouvelles chansons. Au lieu de cela, on retrouve quelques titres déjà connus. Pierre : C'est peut-être parce que nous les jouions sur scène avant d'avoir pu les enregistrer... Ph : ...Et puis sur les treize morceaux, il y en a que quatre ou cinq. Thomas : Si, on les a tous faits au moins une fois sur scène avant. C'est le test. Nous ne sommes pas comme les Mush, nous n'enregistrons pas nos morceaux en studio pour les roder ensuite sur scène. D'abord, nous les jouons live, s'ils passent bien, on les enregistre. L'effet contraire peut engendrer de mauvaises surprises... P : ...Comme des bonnes ! Th : Oui. Tu profites du studio, tu as énormément de facilités pour enregistrer, tu fais des morceaux et ensuite tu n'arrives pas à les jouer de la même façon sur scène. Donc, nous les jouons d'abord, puis, nous essayons de les faire en studio. Mais c'est le test de la scène qui décide de la qualité ou non d'un morceau. Votre nouveau bassiste a-t-il amené des changements significatifs ? Ph : Ce qui s'est passé, c'est que Jal qui était là avant, avait un boulot qui lui prenait beaucoup de son temps. Nous avons dû annuler certains concerts parce qu'il ne pouvait pas les faire. Nous passions donc à côté de quelques trucs. A la fin, on ne pouvait même plus répéter autant que nous le voulions. Cela a mis plus d'un an pour prendre une décision. C'était hyper dur pour lui de partir, et pour nous de le quitter. Nous étions ensemble depuis le début, à l'époque où nous ne faisions encore qu'un concert par mois. Il a été dur d'admettre que, sous prétexte que nous tournions plus, l'un d'entre-nous devait quitter le navire. Le fait de vivre tous ensemble sous le même toit, ne créé-t-il pas certaines tensions ? Th : Avant, nous avions tous un toit différent, mais nous restions souvent tous ensemble sous un toit, soit chez le chanteur, soit chez le guitariste. Puis, dans le camion. Donc, on s'est dit, tant qu'à faire des économies, autant n'avoir qu'un seul toit. Ca n'a rien changé puisque de trois apparts où l'on squattait tous chez l'un ou chez l'autre, nous sommes passés à une grande maison où nous sommes tous chez l'un ou chez l'autre. Donc la situation n'a absolument pas changé. P : Sauf qu'avant, nous faisions trente kilomètres pour aller répéter en dehors d'Orléans. Maintenant, on descend juste à la cave. Th : Avant, on se passait des coups de téléphone pour essayer de se joindre, maintenant, on sait où se trouver. Vous avez une bonne réputation de gens très gentils et abordables. Th : On est sympa avec ceux qui le sont. jusqu'ici, nous avons eu la chance de ne rencontrer que des gens sympas. Tout le monde s'aperçoit très vite, que si tu es cool, si tu ne te prends pas la tête, les relations que tu peux avoir vont mieux. Je ne crois pas que nous ayons la science infuse. Plein de gens s'aperçoivent que c'est certainement la meilleure façon d'agir, la meilleure façon d'être. Je ne pense pas que nous ayons déclenché quoi que ce soit. Nous sommes contents de voir d'autres groupes qui, comme nous, ne se la jouent pas stars et sont contents de rencontrer d'autres gens et de faire des fêtes avec eux sans aucun a priorio, sans aucune haine. Nous sommes là pour passer du bon temps. Ph : Nous ne sommes pas seulement qu'un groupe de rock. Il nous est arrivé de participer à l'organisation de concerts, de filer un coup de main. C'est bien de voir un peu de l'autre côté. Quand tu t'es fait chier à tout préparer pendant trois jours, qu'un groupe chiant arrive, ultra exigeant, ultra méprisant; ça se passe mal. Faire une courte période de manager serait enrichissant aussi. On pourrait apprendre autre chose. Tous ces trucs-là sont différents et plus les gens sont souples, plus c'est agréable pour tout le monde. C'est sans doute pour ça que nous sommes sympas !? C'est un peu ce qu'ont toujours fait Mano Negra, noir Désir ou les Thugs. Mais vous, on vous sent plus libres, plus dégagés. Th : Peut-être parce que nous sommes moins connus. Nous avons donc moins de pression et plus de libertés. Mais je crois que la liberté et le côté dégagé viennent plus de la popularité moins importante que d'un état d'esprit différent. Ph : Il y a peut-être certains de ces groupes pour qui ça devient dur. Pour Noir Désir, ça devient impossible d'aller voir un groupe qui joue avant eux dans la salle. Ils se font assaillir par des tonnes de gens. C'est un niveau de popularité qui dans certains cas, devient presque gênant. Nous n'avons pas ce problème. Nous pouvons toujours descendre dans la salle pour voir le groupe qui joue avec nous et pour aller dire bonjour à tout le monde. P : Noir Désir, ça ne les dérange pas de le faire encore. Quand nous avons joué à Bordeaux au Dorémi, ils étaient là dans la salle. Ph : Oui, mais apparemment lorsque nous jouions ensemble, ils avaient parfois envie de venir voir le concert et finalement ils abandonnaient. Vous tournez énormément. Combien de concerts en 93 ? Ph : Nous n'avons jamais calculé. C'est dommage. Nous pourrions faire de supers anniversaires, prétexte à faire des fêtes. On ne sait pas exactement. Th : Nous n'essayons pas de faire de score. C'est vrai que maintenant, on a du mal à se rappeler dans quelles villes nous sommes passés il y a trois mois; qui nous avons vu et si ce n'était pas dans une autre ville qu'on a vu ce mec là. Donc, ça commence à faire beaucoup. "Dive" est plus mâture que le premier album. Comment expliquer cette progression? Th : Nous avons tous un peu grandi dans nos t^tes avec nos instruments. C'est normal, ça doit se sentir. Depuis le premier album, nous jouons peut-être un peu mieux, enfin, un peu moins mal. Puis, nous avons eu d'autres idées, nous avons écouté d'autres choses, nous avons vu d'autres groupes, lu d'autres bouquins, regardé d'autres émissions à la télé, cela nous a peut-être donné d'autres idées pour faire d'autres morceaux. (Applaudissement général pour cette belle tirade du batteur ex-dreadlocké). P : Peut-être nous sommes nous un peu perfectionnés. Je pense que les morceaux que nous avons enregistrés sont plus faciles que ceux d'avant. C'est une impression, mais c'est peut-être le fait de les jouer plus aussi. Ph : Les précédents séjours en studio nous ont servi de leçon pour certains trucs. Nous avons essayé de ne pas placer la barre trop haut en voulant faire un truc qui, avec la clarté du studio, ne passe pas si bien que tu le pensais et qui finalement t'oblige à passer deux heures pour le faire ou pour abandonner l'idée. Là, nous avons essayé d'arriver tous avec des parties faciles à jouer. Nous avons passé plus du double de temps en studio par rapport au premier album, donc nous avons eu le temps de peaufiner. Le premier album était produit par un spécialiste deu style, Don Cameron. Pourtant il ne sonne pas si bien que "Dive" produit par un spécialiste ex-"grunge". Le choix de Jack Endino surprenait un peu. En fait, il s'avère judicieux. Comment avez-vous décidé de prendre Endino ? Ph : Un jour, le type qui s'occupait du label où est sorti le premier album, nous a demandé de croire au Père Noël dix secondes, et de lui dire à qui nous ferions appel pour produire le prochain album, sans se soucier de problèmes de disponibilité ou de prix. Juste comme ça, de but en blanc "à qui vous penseriez ?". Il y avait ce mec-là qui avait fait plein de choses qu'on écoutait, dont le son nous paraissait super bien. En fait, nous ne nous basions pas sur les trucs les plus "grunge" d'Endino, style Nirvana ou Tad. Il a aussi fait Seaweed, Coffin Break et plein d'autres choses. Plein de trucs qui sonnaient bien, même si les compos n'étaient pas toujours là, le son était toujours hyper bien. Peut-être que les nouveaux que l'on a fait étaient moins " Donnel Cameronien " que la fois précédente. Donc, quand on nous sommes arrivés sur Pias France, ce mac-là était sur Pias et nous a dit que c'était OK pour Endino. Il lui avait envoyé des morceaux que nous avions faits. Endino a été d'accord pour venir en France pendant trois semaines. Avez-vous fait écouter les bandes à Epitaph ? Ph : Non. Nous n'avons pas vraiment rencontré les gens d'Epitaph. Nous avons joué avec Bad Religion, mais bon, quand ils sont en tournée, ils jouent et ne s'occupent pas trop du label. On a discuté avec eux mais pas trop en terme du label et groupe interessé. En revanche, nous avons rencontré les gens de Down By Law et avec eux, il y a eu une super accroche, on s'entend hyper bien. Nous sommes restés deux/trois jours ensemble. Eux avaient l'air de vouloir parler de nous aux gens d'Epitaph. Pour l'instant, nous n'en savons pas plus, nous n'avons aucun echo. S'ils peuvent l'écouter ce serait déjà bien. Nous sommes contents d'être sur PIAS qui en plus distribue Epitaph. Donc, nous sommes un petit peu dans la même famille. Si on peut rejouer avec Down By Law et NoFx et neuf groupes sur dix d'Epitaph, ce sera très bien. Comment analysez-vous le succès remporté par Green Day et Offspring, en tant que fan et en tant que Burning Heads ? Th : Je ne sais pas. Je suis passé chez mes parents il n'y a pas longtemps. mon petit frère m'a demandé de lui prêter les quarante cinq tours de Green Day et quelques trucs de la première époque. Il y a treize ans. Je suis content. Même s'il a accédé à ce style par le matraquage radio, au moins il m'a demandé mes quarante cinq tours de Green Day pour se faire des cassettes. Tant mieux. S'il y a beaucoup de gens qui commencent à avoir dans leur palette musicale un petit peu de punk-rock mélodique, tant mieux. Ca ne peut qu'enrichir leur culture et faire avancer un peu les choses. Jusqu'ici, il n'y avait pas énormément de gens qui se souciaient de ces petits groupes. Est-ce que cela va faire du bien, à nous Burning Heads ? Je ne sais pas du tout. Ph : Ce qui risque d'arriver, c'est de voir débarquer autant de groupes punk-rock mélodiques que de groupes "grunges" ou fusion ou simili fusion. Je crois que ce n'est quand même pas trop difficile de faire le tri. Th : Seuls les sincères seront reconnus ! Je pense que dans le "grunge" ou la fusion, tu peux tricher. Dans le punk-rock, je ne sais pas si tu peux réellement tricher ou alors ceux qui trichent, on les reconnait tout de suite. Est-ce que cet album va nous ouvrir un peu plus les portes de l'étranger ? Y aura-t-il une vraie tournée européenne ? On parle aussi des States. Ph : Japonaise, je crois. On va commencer par le Japon. Si on peut, nous allons le faire. Th : Nous avons tourné un petit peu à l'étranger à la sortie de l'autre album. C'était vraiment une date par ci par là. Si maintenant, on peut faire plus de dates à l'étranger, ce serait vraiment cool. Les premiers contacts que nous avons eu étaient plutôt bons. Si on peut jouer un peu plus hors de nos frontières, devant des gens qui ne nous ont jamais vus, ce sera un nouveau challenge pour nous. Ph : Chaque fois que nous sommes sortis, nous avons rencontré des gens différents. Le public allemand est différent du français qui est différent de l'italien. Comment arrivez-vous encore, de nos jours à imposer au label de sortir un support vinyle ? Th : PIAS sont des gens hyper cools. Nous leur avons dits que nous voulions du vinyle, ils nous ont répondus "pas de problème". P : Nous avions eu une petite réunion avec eux où ils nous ont dit qu'il ne fallait pas mélanger les torchons et les serviettes, que ce n'était pas un supermarché et qu'il y avait des choses plus souples qui pouvait se faire. Faire des singles, des trente-trois. Ph : Pour l'instant, nous pouvons nous permettre de sortir un morceau par ci par là, sur des petits labels, que ce soit Pandemonium à Marseille, que ce soit un disque qui va sortir à St-Etienne, la compilation acoustique de Total Heaven. Nous avons carte blanche pour faire tout ça. Nous les prévenons avant, ce qui est la moindre des choses. Jamais ils ne nous ont dit "Ca va pas se passer comme ça !". Chaque fois qu'on les appelle, ils sont toujours prêts à nous aider. Nous n'avons pas à faire les sales gosses, ce que nous avons fait avec le label précédent. Il fallait aller dans le bureau et puis... Th : Taper sur la table en disant, "On fera jamais ce que vous voulez de nous, si vous ne faites pas ce que l'on veut !" Ph : S'arrêter de respirer jusqu'à ce qu'il nous arrive quelque chose. Th : (à Phil) Tu as parlé de notre union avec PIAS ? Nous sommes mariés avec PIAS, mais nous avons le droit d'avoir des maîtresses. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de contrat d'exclusivité. Du monment que nous leur fournissons le nombre de morceaux pour l'album suivant, dans l'année qui suit. Il y a peut-être des morceaux des Burning qui sortiront sur des petites compilations. PIAS considère que ce n'est pas faire de l'ombre, mais plutôt faire de la pub pour le label en sortant des trucs ailleurs. Ph : Je peux te le dire en anglais aussi, si tu veux ? Et en patois ? Tous : Il le peut aussi. |
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